Les grands enjeux de la filière photovoltaïque, Marielle Perrin
Soren > Actus & Infos

[Interview] Les grands enjeux de la filière photovoltaïque : une association engagée dans le développement d’une filière photovoltaïque circulaire – Marielle Perrin

Dans cette série d’interviews “Les grands enjeux de la filière photovoltaïque“, des acteurs majeurs de la filière sont mis à l’honneur. Ceux-ci participent à rendre le cycle de vie des panneaux solaires photovoltaïques le plus vertueux possible.

Chargée de projet photovoltaïque chez Hespul, Marielle Perrin nous éclaire sur le développement d’une filière photovoltaïque circulaire.

Marielle-PERRIN Hespul
Crédit photo Christophe Pouget

Pouvez vous présenter Hespul ainsi que votre rôle au sein de l’association ?

Marielle Perrin : Je travaille chez Hespul, une association qui a célébré ses 30 ans récemment. Depuis plus de trois décennies, nous nous engageons pour un modèle de société plus sobre et plus efficace, fondé sur l’utilisation des énergies renouvelables et leur accessibilité pour tous. Notre mission principale est de contribuer à une transition énergétique réussie, et de massifier l’usage des énergies renouvelables, en particulier le photovoltaïque.

Je suis chargée de projet photovoltaïque et avec un fort intérêt pour l’exploitation des centrales solaire et la gestion des panneaux en fin de vie.

Hespul est spécialisé dans les énergies renouvelables et dans la sobriété énergétique. Quelles sont les principales actions menées par l’association ? 

M.P : Chez Hespul, nous menons plusieurs actions essentielles. 

Nous sommes tout d’abord en charge du centre de ressource photovoltaïque dont le site www.photovoltaique.info.

Ce site internet a pour but de rendre accessible à tout un chacun des connaissances qui évoluent rapidement, de diffuser une information objective et indépendante et d’éclairer les choix des citoyens, des entreprises et des collectivités, tout cela dans un objectif d’accélération du développement du solaire photovoltaïque, une technologie qui répond aux enjeux énergétiques d’aujourd’hui et demain.Nous avons atteint le million de visiteurs annuel sur notre site internet.

Nous menons des actions de plaidoyer auprès des pouvoirs publics pour simplifier les démarches administratives et encourager des politiques plus favorables au développement des énergies renouvelables.

Nous faisons aussi de la formation. Nous offrons des programmes spécialisés à destination des professionnels du secteur pour renforcer les compétences techniques et juridiques et accompagner les projets solaires.

Puisqu’il est également crucial de lutter contre les idées reçues, nous avons conçu la boîte à outils Info Intox, qui vise à démystifier la fin de vie des panneaux solaires et d’autres sujets souvent mal compris.

Enfin, nous sommes impliqués dans l‘exploitation des installations solaires. Nous intervenons en tant qu’AMO (Assistance à Maîtrise d’Ouvrage) pour accompagner les projets depuis leur conception jusqu’à leur mise en service. Nous offrons des prestations techniques et des conseils pour optimiser la durée de vie des installations. Nous collaborons avec des acteurs comme Soren pour ces missions.

Le photovoltaïque est le cœur de métier d’Hespul, pouvez-vous nous présenter des exemples d’initiatives mises en œuvre actuellement dans ce domaine ?

M.P : Nous travaillons dans une optique d’intérêt général, en particulier sur le photovoltaïque et les réseaux électriques. L’une des priorités est de rendre l’énergie solaire rentable partout sur le territoire. Pour cela, nous poussons par exemple activement pour la régionalisation des tarifs de l’électricité photovoltaïque. Une centrale solaire installée dans le sud de la France, où l’ensoleillement est fort, ne produit pas de la même manière qu’une centrale située dans le nord, où le soleil est moins abondant. C’est pourquoi nous demandons des tarifs d’achat adaptés en fonction de l’ensoleillement, afin de garantir une rentabilité équitable partout en France.

Au-delà de ces questions tarifaires, nous menons des actions de levée des freins pour simplifier les démarches de raccordement des installations solaires au réseau électrique. Des démarches souvent perçues comme un frein majeur par les développeurs de projets photovoltaïques, en raison de leur complexité et des délais imposés. 

Quels liens l’association entretient-elle avec l’éco-organisme Soren ?

M.P : Hespul entretient un lien fort et constructif avec l’éco-organisme Soren, autour des questions de recyclage et de réemploi des panneaux photovoltaïques. Nous faisons partie du comité des parties prenantes de Soren. Ce rôle nous permet de participer activement aux discussions stratégiques sur la gestion durable des panneaux en fin de vie et d’influencer les décisions prises dans l’intérêt général.

Nous jouons aussi un rôle clé dans la communication et la sensibilisation sur les enjeux du recyclage des panneaux photovoltaïques. Nous relayons régulièrement les actualités de Soren. Par exemple, nous avons mis en avant l’initiative de la chaîne de réemploi ENVIE2 en Aquitaine, qui travaille sur la réutilisation des panneaux en fin de vie..

En collaborant étroitement avec Soren, nous mettons en lumière les bonnes pratiques et les solutions innovantes pour assurer une gestion durable des panneaux solaires. Tout ce qui peut valoriser la fin de vie des équipements est essentiel pour nous, car cela renforce la crédibilité et la durabilité du photovoltaïque dans l’ensemble du cycle de vie des installations.

Hespul est engagé dans le projet FORESi pour démontrer que le recyclage à haute valeur des panneaux solaires photovoltaïques est possible. Pouvez-vous nous expliquer plus en détail l’objectif de ce projet ?

M.P : Hespul est engagée dans le projet FORESi. Celui-ci vise à démontrer que le recyclage à haute valeur ajoutée des panneaux solaires photovoltaïques est non seulement possible, mais aussi essentiel pour garantir une véritable circularité dans la filière. 

FORESi est une collaboration de trois ans qui répondra aux besoins de production de silicium et de recyclage. 

Il s’agit de développer des méthodes et circuits de collecte durables des panneaux. Ceux-ci seront testés en vue d’une possible réutilisation ou de leur réparation. 

Lorsque cela ne sera pas possible, un processus innovant sera appliqué pour les démanteler afin d’en extraire la matière première qu’est le silicium. De nouvelles technologies seront utilisées pour purifier le silicium à un niveau suffisant pour produire de nouveaux panneaux photovoltaïques et batteries.

Quelle est la différence entre la filière de traitement photovoltaïque française et celle d’autres pays européen ? 

M.P : Il y a des différences notables dans la manière dont chaque pays aborde le recyclage de ces équipements.

En France, nous avons un seul éco-organisme dédié, Soren. Il traite l’ensemble du processus de collecte, de réemploi et de recyclage des panneaux photovoltaïques. Dans d’autres pays européens, il existe souvent plusieurs éco-organismes en concurrence. Cette pluralité crée une “course au recyclage au moindre coût”, où l’objectif principal est souvent de minimiser les dépenses. 

Soren ne se contente pas de suivre une approche purement économique, mais se concentre sur des solutions de recyclage à forte valeur ajoutée. Ce modèle, bien qu’encore coûteux aujourd’hui, nous semble plus durable et aligné avec les enjeux de la transition énergétique.

Le réemploi et la réutilisation des panneaux photovoltaïques se développent. Comment voyez vous ce mouvement et quels sont les principaux points de vigilance ? 

M.P : Chez Hespul, nous observons avec intérêt le développement du réemploi et de la réutilisation des panneaux photovoltaïques. Il y a des points de vigilance importants à prendre en compte. 

En effet, l’un des principaux risques que nous voyons est l’émergence d’un marché illégal autour de ces modules usagés. Il semblerait qu’il existe déjà des cas d’exportations illégales de panneaux vers des pays comme l’Afrique. Des panneaux y seraient vendus sans contrôle, ce qui soulève des problèmes environnementaux, éthiques et de sécurité majeurs. 

Pour éviter cela, il est crucial de définir un cadre normatif strict reposant sur trois dimensions. Premièrement, la sécurité est primordiale. Les panneaux réutilisés doivent être conformes aux normes actuelles. Ensuite, il est important de s’assurer que ces panneaux réemployés offrent des performances acceptables sur la durée. Enfin, la réutilisation doit s’inscrire dans une démarche durable, où le réemploi est effectué localement pour minimiser l’empreinte carbone liée à la logistique.

L’autre grand défi est le coût de ces modules réemployés. Ceux-ci sont plus élevés que ceux des panneaux neufs. Le modèle économique du réemploi est encore fragile, mais nous espérons qu’il deviendra plus compétitif. En France, nous constatons déjà une montée en puissance du nombre de modules disponibles pour le réemploi, et ce phénomène devrait s’amplifier dans les années à venir.

Il est donc essentiel de mettre en place une filière vertueuse, encadrée par des standards stricts et en collaboration avec les assurances pour garantir la viabilité de ces projets. 

Selon vous, quels sont les grands enjeux de la filière photovoltaïque pour 2024 ? 

M.P : Le premier enjeu est la massification de l’énergie photovoltaïque. Notamment, il est essentiel d’augmenter la capacité installée sur l’ensemble du territoire afin de répondre à la demande croissante en électricité renouvelable. Pour cela, nous devons simplifier les démarches administratives, et développer des filières de formations de qualité pour répondre aux besoins de main d’oeuvre.Un autre enjeu majeur pour 2024 est la réindustrialisation de la France dans le domaine photovoltaïque. Il y a deux projets en cours pour ouvrir des usines françaises capables de produire des panneaux photovoltaïques neufs à partir de ressources recyclées. Cette démarche s’inscrit dans une logique d’économie circulaire pour réduire notre dépendance aux importations et créer de la valeur ajoutée sur le territoire français.

à lire aussi :

Interview Hespul Soren

[Interview] Les grands enjeux de la filière photovoltaïque : une association engagée dans le développement d’une filière photovoltaïque circulaire – Marielle Perrin

Dans cette série d’interviews “Les grands enjeux de la filière photovoltaïque“, des acteurs majeurs de la filière sont mis à l’honneur. Chargée de projet photovoltaïque chez Hespul, Marielle Perrin nous éclaire sur le développement d’une filière photovoltaïque circulaire.

Lire la suite »
Les enjeux de la filière photovoltaïque Interview Antoine Chalaux

[Interview] Les grands enjeux de la filière photovoltaïque : “Le futur du recyclage est le recyclage à haute valeur ajoutée” – Antoine Chalaux

Dans cette série d’interviews “Les grands enjeux de la filière photovoltaïque“, des acteurs majeurs de la filière sont mis à l’honneur. Directeur des opérations chez ROSI, Antoine Chalaux nous éclaire sur le recyclage des panneaux photovoltaïques à haute valeur ajoutée et la revalorisation des matières.

Lire la suite »
> Retour > Article suivant