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Les enjeux de la transition énergétique concernent tout le territoire, au-delà des distances géographiques. C’est ainsi que Soren œuvre en Outre-mer comme en métropole.
Facilitateurs et opérateurs locaux sont mis à l’honneur dans cette série d’interviews “La collecte en Outre-Mer”. Rencontre avec celles et ceux qui travaillent au quotidien pour faire de la filière de traitement des panneaux solaires photovoltaïques un exemple à haute valeur ajoutée environnementale, économique et sociale.
Pour nous éclairer sur l’organisation de la filière de recyclage des panneaux solaires photovoltaïques sur l’île de la Réunion, Soren a interviewé Sandrine Sinapayel, facilitatrice d’éco-organismes au SICR et représentante de Soren à la Réunion, et Paul Soubaya, PDG de Réunion Valorisation Environnement, une entreprise spécialisée dans la collecte et le traitement des Déchets d’Equipements Electriques et Electroniques (DEEE).
Quel est votre rôle dans l’organisation de la collecte des panneaux solaires photovoltaïques à la réunion ?
Sandrine Sinapayel : Mon rôle est de représenter et de mener des actions sur place pour Soren. Les missions sont très variées : j’identifie les potentiels nouveaux projets sur le territoire et je sensibilise les détenteurs de panneaux solaires photovoltaïques (principalement les entreprises) aux solutions de reprise des panneaux, dans le but d’augmenter le taux de collecte.
J’organise également les audits du prestataire chargé de la collecte sur le territoire [n.d.l.r : Réunion Valorisation Environnement] et je lutte contre les free-riders [n.d.l.r : les metteurs sur le marché qui ne respectent pas leur obligation de payer l’éco-contribution].
Paul Soubaya : Chez Réunion Valorisation Environnement, nous nous occupons de la collecte et de la réception des panneaux sur le territoire. Nous travaillons avec les points de collecte pour aller chercher les panneaux photovoltaïques usagés au meilleur moment, pour ensuite les ramener dans notre entrepôt. Il y a également des opérateurs qui déposent directement les panneaux chez RVE car il y a des endroits difficiles d’accès sur l’île et que nous sommes point d’apport volontaire.
Nous sommes également chargés de l’envoi des panneaux vers la métropole. Concrètement, nous organisons le palletissage des panneaux usagés pour ensuite les mettre dans des conteneurs. Enfin, nous exportons les conteneurs en fonction des demandes de Soren.
Comment se déroule la collecte locale des panneaux photovoltaïques ?
Paul Soubaya : Plusieurs options sont envisageables pour la collecte : les détenteurs de panneaux peuvent faire une demande à Soren ou contacter directement le service logistique de RVE qui prévoit un passage chez le détenteur. Le client a aussi la possibilité de déposer les panneaux directement chez RVE.
Lorsque nous intervenons sur les chantiers programmés, nous utilisons différents véhicules en fonction du nombre de panneaux à collecter. Nous pouvons utiliser des véhicules semi-remorques ou des camions cellules de 19 tonnes.
Une fois les panneaux récupérés, nous les ramenons dans un espace de stockage couvert chez RVE. Lorsque nous avons réceptionné assez de panneaux (il faut souvent attendre environ deux ou trois mois), nous remplissons les conteneurs avant de les confier au transitaire qui l’envoie à Soren.
Quels sont, selon vous, les principales difficultés rencontrées en matière de collecte sur l’île ?
Paul Soubaya : Les installations sont souvent dans des champs ou dans des zones industrielles difficilement accessibles pour la collecte. Les opérations de collecte sont alors assez techniques et compliquées. Souvent, nous ne pouvons pas collecter en une seule fois tous les panneaux. La collecte peut aussi être difficile puisqu’il n’y a pas beaucoup d’opérateurs pour retirer les panneaux installés. Or, chez RVE, nous collectons les panneaux déjà désinstallés. Plus globalement, l’un des principaux enjeux de la collecte pour les prochaines années réside dans l’augmentation à venir des installations des panneaux.
Quels sont les chiffres clés de la collecte des panneaux à la Réunion ?
Sandrine Sinapayel : L’année dernière, nous avons compté 50 tonnes collectées et envoyées vers la métropole. Les chiffres commencent à augmenter : nous étions seulement à 19 tonnes en 2015 ! Il y a une augmentation du nombre de panneaux à collecter puisque la collecte se limitait aux panneaux défectueux les premières années. Dans l’avenir, nous allons avoir les panneaux qui arrivent en fin de vie. Le pic d’installation était en 2010 à la Réunion. Aussi, je pense que nous atteindrons un pic de collecte des panneaux autour des années 2030.
Comment les particuliers utilisent des panneaux solaires photovoltaïques à la Réunion?
Sandrine Sinapayel : Assez peu de particuliers disposent de panneaux sur l’île. Afin de les inciter à en installer, la Région a mis en place le dispositif “chèque photovoltaïque”, qui permet d’obtenir une subvention pour l’installation des panneaux.
Paul Soubaya : Les particuliers peuvent gérer l’installation et la revente vers EDF ou être en autoconsommation. La deuxième technique est plus utilisée par les professionnels mais elle commence à être appliquée par les particuliers.
Les particuliers constituent-ils une part importante du volume de collecte des panneaux ?
Paul Soubaya : Non, on ne reçoit pas de demandes de particuliers même s’il serait tout à fait possible que l’on s’occupe de leurs panneaux usagés.
Sandrine Sinapayel : J’ai eu quelques demandes mais c’est très rare. En général, les particuliers font appel à l’installateur. Il y a un vrai enjeu de sensibilisation à la Réunion, les particuliers ne savent pas que les panneaux sont recyclables. Ils savent qu’il ne faut pas les jeter n’importe où mais ils ne savent pas pourquoi !
Quels sont, selon vous, les enjeux spécifiques à la Réunion pour Soren ?
Sandrine Sinapayel : L’un des enjeux majeurs est de pouvoir comptabiliser clairement le volume de panneaux solaires photovoltaïques installés sur le territoire. Ces chiffres sont cruciaux, notamment pour gérer au mieux l’exportation. La Réunion a un vrai problème d’exportation en général, nous avons moins de bateaux qu’avant, ce qui complique les exportations. Il pourrait être opportun d’installer un centre de traitement directement sur le territoire !
Paul Soubaya : Effectivement, ce serait une vraie opportunité ! Le but serait que tous les panneaux soient recyclés sur le territoire sauf les cellules photovoltaïques [n.d.l.r : les autres parties du panneau solaire (cadre, verre, pellicules adhésives, boîte de jonction].
Cela créerait des emplois sur l’île. L’exportation serait réduite à un conteneur par an pour les cellules photovoltaïques qui exigent un traitement trop spécial.